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Massacres de Monbalen (47) - 16 juin 1944
Commémoration Monbalen 2009 - Allocution de Pierre SARRODIE ANACR Villeneuve-sur-Lot.
"Aujourd’hui 14 juin 2009, nous somme réunis pour commémorer le 65ème anniversaire de cette journée sanglante du 16 juin 1944, ici même à Monbalen, paisible commune du Roquentin qui a vécu et subi ce qu’on peut appeler un crime de guerre de la part de la barbarie nazie.
Stèle du souvenir à Monbalen - Photo Livio Dalle-Grave
J'ai eu beaucoup de difficultés à retrouver des documents relatant cet épisode sanglant. Les mémoires de Jean Castéras "Sous la botte" paru en 1946 m’ont servi de référence – ce recueil presque introuvable aujourd’hui mériterait d’être réédité et lu dans les établissements scolaires du département.
«.Le mercredi 14 juin 1944, le maire de Monbalen, Monsieur RAYSSAC, convoque le syndic VERGUERES le boulanger ROQUEFORT et le commis de district COUDERC à la mairie de Monbalen afin de jeter les bases d’une réunion concernant la soudure du blé, en exécution d’un ordre préfectoral. Après discussion, il est décidé que la réunion pour les agriculteurs aurait lieu le vendredi 16 juin chez VERGUERES dans la salle du café.; des convocations sont distribuées aux enfants de l’école qui iront les diffuser à domicile.
Une convocation est apportée à la famille S. dont le fils fait partie de la Gestapo. Et pour assouvir des vengeances personnelles, les fils S. vont voir le nommé DELPUCH dit "BOUBOULE" (1) de sinistre mémoire, à qui ils racontent que la réunion de Monbalen a pour but de livrer des armes et du blé au maquis.
Le jour de la réunion, les agriculteurs sont venus de tous les coins de la commune pour apporter au maire et au syndic le chiffre de leur récolte encore à livrer, la famille S. est représentée par le jeune fils qui, sachant ce qui allait se passer, s’esquivera une demi heure avant l’arrivée des Allemands et des miliciens.
Il est cinq heures. Chacun s’apprête à partir lorsqu’un mot chuchoté passe de bouches en oreilles.: "les boches sont là et entourent le café". En effet, quelques minutes plus tard, les Allemands accompagnés de la milice –.une soixantaine tous en uniforme SS.– font irruption dans le café et tout en fouillant partout, demandent où sont cachées les armes.!
Malgré les dénégations générales, le maire et une dizaine d’agriculteurs choisis parmi les plus jeunes furent sommés d’aller s’allonger sur la route.: ils se nomment SEGUY, LABATTUT, DUFFIEU, CAUSSIL, CILIERES, DELPECH, JOLIBERT, CLERC.
Après d’infructueuses recherches, les nazis, font relever les agriculteurs pour les fusiller. A ce moment là, une voiture du maquis du "Groupe VENY" commandé par le capitaine Jean BARRES arrive à l’improviste. Les occupants de cette voiture.: Pierre FERRAND, Eugène MICLO et Georges HATIOU, luttèrent avec courage pendant vingt minutes puis succombèrent sous le nombre après avoir épuisé toutes leurs munitions… Poursuivant leur folle barbarie, les SS assassinent DABAN qui travaillait dans son champ.
De retour au café, ils rassemblent les trois derniers cultivateurs SEGUY, VERGUERES et FILHIOL qui, après avoir été sauvagement torturés pour savoir où se trouvaient la cachette du blé et des armes, seront fusillés.
Comment n’y a t'il pas eu davantage de victimes.? Sûrement grâce au comportement du maire Achille RAYSSAC et de l’institutrice Mme CASTERA..»
Extrait des mémoires de Jean Castéras "Sous la botte" paru en 1946.
Photo Livio Dalle-Grave
Ces Résistants, ces paysans, ont payé de leur vie leur patriotisme et leur attachement à la cause de la liberté. Aujourd’hui nous les honorons et nous continuerons à évoquer leur mémoire. (...). Honorons et souvenons-nous de ceux qui ont donné leur vie pour un monde fraternel de paix et de progrès."
Pierre SARRODIE, ANACR Villeneuve-sur-Lot, commémoration Monbalen 2009
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(1) DELPUCH dit "BOUBOULE" fut arrêté par les FFI à la Libération - il se cachait dans une salle de jeux à Agen - puis fusillé quelques mois plus tard.
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Source : daymara47 (Droits réservés)
Photos : Livio Dalle-Grave (Droits réservés)
Le 16 juin 2010, la commémoration du 66ème anniversaire a rassemblé nombre d'habitants et de personnalités devant la stèle dressée en souvenir des disparus, dans ce village si paisible qui ne peut laisser supposer que l'irréparable ait pu s'y produire.
Le 18 juin 1944 restera à jamais une date inscrite dans la mémoire du village de Monbalen et de ses habitants.
Journée de haine et de folie meurtrière qui a laissé 7 familles dans la douleur et le deuil après une dénonciation abjecte programmée à l'avance.
Quatre habitants de Monbalen ont péri fauchés par les Allemands : Antoine Dalban, Léopold Filhol, Roger Séguy, Jean Vergnères, ainsi que 3 maquisards.
16 juin 2010, Monbalen se souvient et se recueille
Dépôt de gerbes par le maire Bernard Alajouanine et son premier adjoint.---------
Source et photo : Journal La Dépêche du 17 juin 2010
Tags : monbalen, juin, 1946, maire, memoire
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