• Les acteurs (ou les figures locales de la Résistance)

     

    Nom prénom
    Pseudo
    Organisation
    Faits
    Jacques LEVY
    né le 20/05/1899 à Paris
    décédé le 09/09/1983
    "Jack"
    Bataillon "JACK N.L. 23"
    A.S. VENY Lot-&-Garonne

    Adjoint de VEDEL dans le groupe "VICTOIRE" membre du réseau "BRUTUS" il a participé à la mise sur pied des groupes VENY en Lot-&-Garonne, en juin 1944 il installe un maquis dans les carrières du Recluzel à Fumel.

    René COUSTELLIER
    né en 1920 dans le Rhône
    "Soleil"
    Groupe "Soleil"
    Groupe O.S.
    puis F.T.P.

    Arrivé en Dordogne le 19/05/1943, il rejoint le maquis et s'installe à Salles de Belvès. Il participera à la création d'une École des Cadres à Sauveterre la Lémance. Le 16/01/1944 il devient chef du 5ème bataillon F.T.P. avec 450 hommes rompus aux combats, ils participeront à la libération des villes puis poursuivront les opérations sur le Front du Médoc.

    Charles MARTIN
    né le 13/03/1900
    à Abbeville
    "Bayard"
    Groupe "Bayard"
    A.S.

    Militaire, démobilisé en 1940, il s'installe à ISSIGEAC, il organise son premier maquis en Dordogne, se déplace à Blanquefort en décembre 1943, puis en 1944 à Fontenilles. Il participe à des actions contre l'occupant, poursuit les combats sur le Front du Médoc, l'Alsace… Son groupe compte 207 hommes à la Libération. En 1946, il sera arrêté et emprisonné sur la plainte de mademoiselle GOULFIÉ, sœur de son lieutenant qu'il a exécuté. Il fera quelques années de prison, il sera dégradé.

    Jean-Georges DELRIEU
    né le 17 mai 1906 à Saint-Front
    "Sully"
    Groupe "Bayard"

    J.G. DELRIEU était ingénieur, directeur de l'usine à chaux de Saint-Front ; démobilisé il rentre chez lui. Il participe avec l'ORA au camouflage de matériel militaire dans les carrières de l'usine. Dans le groupe "Bayard", il sera le lieutenant de MARTIN. Il poursuivra les combats sur le Front du Médoc où il deviendra capitaine.

    Pierre GOULFIÉ
    né le 17/12/1902 à Agen
    décédé en 1944 à Blanquefort
    "Pierrot"
    Groupe "Bayard"

    Il était lieutenant de l'administration de santé, décoré à Boulogne-sur-mer pour l'évacuation des populations. Démobilisé, il devient lieutenant de Bayard. Parti de ce maquis, quand il revient, ce dernier l'exécute.

    Philippe de GUNZBOURG
    1904-1986
    "Philibert"

    "Edgar"
    Groupes "Prunus"
    "Wheelwright"
    "Busckmaster"

    Issu d'une famille de riches banquiers, démobilisé, il fait le choix de s'installer à Penne. Il entre en contact avec les réseaux anglais, héberge des agents, trouve des parachutages, est agent de liaison entre les maquis. Il ne se déplacera qu'en vélo. Décoré par les Anglais de la M.B.E., après guerre il aidera ses anciens camarades.

    Georges TOULZA
    Marcelle TOULZA


    "Front National"

    G. TOULZA ancien combattant a été mis en camp pour ses opinions, libéré ; il arrive de Riom, s'installe à Fumel avec sa femme, lui est entré à l'usine. Ils étaient membres actifs de la nouvelle cellule F.N.

    Jean VERMONT
    Né le 05/07/1906 à Mézières
    décédé à Villeneuve
    "Geoffroy"
    Bataillon "Geoffroy"
    N.L. 22 et N.L. 24
    A.S. VENY

    J. VERMONT était ingénieur à la centrifugation de la SMMP de Fumel, avec CONTI il installe une unité militaire. Ils étaient en contact avec le "SOE". Ils vont réceptionner des parachutages, effectuer du renseignement, protéger les populations de Fumel, Monsempron-Libos. L'été 1944, le bataillon compte 890 hommes armés, ils vont participer aux opérations de libération du territoire. VERMONT a fait fonctionner une infirmerie de campagne avec les infirmières de l'usine. Après guerre il fondera une amicale pour aider ses camarades.

    Docteur BOQUET



    En 1940, ce chirurgien et sa femme vont dans la clinique du château du Boscla à MONTAYRAL, soigner tous les blessés qui se présenteront sans distinction. Ils avaient reçu un important stock de médicaments de l'armée qu'ils ont pu cacher.

    Georges ARCHIDICE
    Né le 13/07/1912 à Colayrac
    décédé le 19/04/1968 à Monflanquin
    "Louis"


    Professeur, militant socialiste, il était recherché par la Gestapo. Il passe dans la clandestinité, entre en contact avec le général VINCENT et organise les groupes VENY en Lot-&-Garonne. Il fut membre du Comité départemental de la Libération. Il participe aux combats comme lieutenant colonel des FFI. Il sera promu Chevalier de la Légion d'Honneur.

    René SCHLEIDWEILER
    né en 1919 en Moselle
    décédé en 1955 dans l'Ain
    "DOLLÉ"
    Compagnie "DOLLÉ"
    incorporé au
    bataillon
    "Geoffroy"

    R. SCHLEIDWEILER est arrivé dans la région en 1940 ; il forme son groupe à Penne, en 1943 il participe à la libération des prisonniers à la centrale d'EYSSES, effectue de nombreux sabotages. Il poursuivra les actions avec le bataillon "Geoffroy".

    René FILHOL
    né le 29/08/1898 à Fumel
    décédé le 11/02/ 2004
    à Agen


    "Front National"

    R. FILHOL était instituteur, il fut radié pour ses opinions politiques. Responsable du F.N., il fut arrêté, emprisonné à EYSSES, déporté. Revenu, il va créer l'association des Anciens Combattants avec L. TULET.

    Marguerite FILHOL
    née le 22/05/1904 à Fumel
    Décédée le 02/04/1945 à Neubrandenbourg


    "Front National"

    Marguerite FILHOL secondait son mari René FILHOL dans ses activités de résistance. Quand il a été arrêté, elle est revenue à Fumel chez ses parents où les miliciens sont venus l'interpeller, après la prison, elle a été envoyée dans les camps en Allemagne où elle est décédée.

    Alexis MARATUECH
    "Alexis"
    Groupe "Alexis"

    A. MARATUECH était un voisin à Touzac de J.L. BOSSOUTROT, il a accepté de monter un groupe en lien avec le SOE. Il sera agent de liaison, ne se déplaçant qu'en vélo.

    Jean-Baptiste BOSSOUTROT


    Groupe "Alexis"

    J-B. BOSSOUTROT était un célèbre aviateur, inventeur de plusieurs brevets, parlementaire. Il a participé à la guerre d'Espagne avec Jean Moulin. En décembre 1942, il accepte de former un groupe chez lui à Soturac. Il sera interné puis relâché. Dans sa propriété il réceptionnera des parachutages, hébergera des résistants, fera du renseignement.

    André RUFFE


    Groupe "Alexis"

    A. RUFFE sera agent de liaison du groupe.

    Maurice LOUPIAS
    "Bergeret"
    "Combat"

    Fonctionnaire à Bergerac, capitaine de réserve, en 1941, il entre au mouvement "Combat" et poursuit ses activités dans la Résistance jusqu'à la Libération.

    DUVERGÉ




    Émile MOLLARD
    né le 23/08/1895 à Saint-Cloud,
    décédé le 16/10/1991
    à Paris


    C.D.M.
    O.R.A.
    Groupe "Maurice"

    E. MOLLARD dont la famille avait une propriété à Penne, dès 1940, il participe au camouflage du matériel militaire en Lot-&-Garonne. En 1943, il fonde le réseau "Maurice" pour aider les militaires à quitter la France vers l'Afrique du Nord. Il sera arrêté, déporté, reviendra des camps et sera fait Grand Croix de la Légion d'Honneur.

    Alphonse DELDON
    Né en 1902 à Salles
    "Casse"
    Groupe "CASSE"
    Groupe "DD"
    puis "Austin-Conte"

    A. DELDON était épicier à Salles, il a monté un maquis, il a fabriqué de faux papiers pour les jeunes, a caché des réfractaires au S.T.O., il a participé à la réception de parachutages, puis aux diverses actions de sabotage. Le 30/06/1944 il intègre le commando "Austin-Conte".

    Pierre DENUEL
    Né le 16/10/1922 à Fumel
    Décédé le 10/05/1944 à Villeneuve.


    Groupe "Soleil"

    P. DENUEL s'était engagé à la déclaration de la guerre, démobilisé il part dans les maquis du Lot en décembre 1943, recherché, il entre à l'école des cadres de Sauveterre. Il est remarqué. Il prend la tête d'un groupe franc de 11 hommes. En 1944, en mission à Villeneuve, il est reconnu par un camarade de lycée milicien qui l'abat en pleine rue.

    André PARROT


    Groupe "Parrot"

    A. PARROT était instituteur à Loubéjac, en juillet 1944, il monte un maquis au château de Sermet avec des jeunes de la région (Sauveterre). Il participe à la réception de parachutages, fait du renseignement puis il s'intègre avec ses hommes, au groupe du colonel DRUILHE.

    André GRABIER
    Né le 14/11/1907 à CASTELNAUD G.
    Il a été tué le 17/06/1944 à Villeneuve


    Groupe "Kléber"
    Bataillon "Geoffroy"

    A. GRABIER était un ancien militaire de la Marine, il rejoint le groupe "Kléber" qui opère entre Fumel et Monflanquin. Il participe à la distribution de tracts, journaux, il effectue des missions de renseignement, de transport, du camouflage d'armes après les parachutages, il participe aux sabotages sur les voies ferrées Agen Périgueux. A Villeneuve, il va tomber sous les balles des miliciens dans une embuscade.

    Jacques de BENTZMANN
    né en 1892
    Décédé en 1964



    J. BENTZMANN, militaire, il est démobilisé, il participe au camouflage des armes en Lot-&-Garonne. Il est arrêté en juin 1943, interné, il s'évade. Il reprend ses activités en juin 1944 en ressortant le matériel camouflé puis il rejoint la 1ère armée française. Il finira lieutenant colonel.

    Georges ROBINET
    né le 13/08/1889 dans les Vosges
    décédé en 1970 à BIAS



    G. ROBINET était militaire, démobilisé en 1940, il est nommé au camp de Bias, il se met sous les ordres du colonel MOLLARD responsable du camouflage de matériel militaire. En 1942 ; il arme plusieurs groupes. Il sera arrêté le 20/05/1943, déporté, il s'évade des camps en avril 1945. En 1970, il recevra la Légion d'Honneur.

    Louis TULET
    né le 30/10/1899 à Cahors
    décédé en 1981 à
    Saint-Vite


    "Combat"

    L. TULET était instituteur à Saint-Vite, il est radié pour ses opinions en 1941. Il entre au mouvement "Combat" et est arrêté le 16/06/1943, déporté, il rentrera affaibli par les opérations expérimentales subies. Il fondera avec René FILHOL "la Fédération des déportés et internés résistants et patriotes", il en sera le président. Il recevra la Légion d'Honneur.

    Georges STARR
    est né en 1904 à Londres
    décédé en 1980
    Colonel "Hilaire"
    WHEELWRIGHT
    S.O.E.
    BUCKMASTER

    G. STARR était ingénieur, il entre comme agent de renseignements au S.O.E. Anglais. Il est parachuté en France et s'installe dans le Gers où il créé le réseau WHEELWRIGHT sur les bases du réseau VICTOIRE. Ils organisent et réceptionnent les parachutages dans le Sud Ouest.

    Marguerite MORENO



    M. MORENO célèbre actrice qui avait une propriété à Touzac où elle s'était réfugiée. Elle a aidé au ravitaillement de l'infirmerie du bataillon "Geoffroy", elle venait rendre visite aux malades et blessés, les distraire.

    Colonel DRUILHE
    "Driant"


    Cet officier de carrière entré en Résistance dirige le maquis "Cerisier" de Lalinde. Il participe aux combats de Mouleydier en juin, puis regroupe les maquisards de Dordogne Sud soit 12.000 hommes il est nommé commandant de la 18ème région militaire par Chaban Delmas.

    Pierre MONTES
    né le 06/12/1924 à Fumel
    "Montereau"
    Groupe "KLEBER"
    Bataillon
    "Geoffroy"

    Il fréquente le collège de Villeneuve où le principal est acquis à la Résistance. En novembre 1943, il entre en résistance, forme un groupe A.S. sur Fumel. Rattaché au groupe "Kleber", il participe à des accrochages. Il souscrit un engagement au 57ème R.I., suit les formations militaires avant de partir sur le Front. Novembre 2011, il obtient la Légion d'Honneur.

     

      CHIFFRES STATISTIQUES

    A la Libération, le général EISENHOVER, estimait à 15 divisions l'apport de la Résistance Française.

    Pour le Lot-et-Garonne, d'après la statistique du Service Historique de l'Armée (S.H.A.) 12.519 hommes s'étaient regroupés, contribuant à l'effort national.

    Ces 12 519 F.F.I. homologués, regroupés dans trois mouvements, se décomposaient comme suit :

    Pour l'A.S. (Armée Secrète) 8 759 membres
    Pour les F.T.P.F. (Franc Tireur et Partisans Français) 2 971 membres
    Pour l'O.R.A. (Organisation Républicaine Armée) 789 membres

    Ne sont pas compris dans cette statistique les camarades de la R.I.F. (Résistance Intérieure Française).

    Toujours d'après la statistique du S.H.A., 420 opérations importantes ont été recensées dans notre département et parmi elles nous relevons :

    • 124 parachutages d'armes et de munitions
    • 136 embuscades, coups de main et combats
    • 132 sabotages
    • 19 libérations de localités importantes

    Les pertes subies par l'ennemi ont été de 516 tués, 147 blessés et 350 prisonniers.

    Du côté de la Résistance, plus de 250 fusillés ou massacrés, 700 déportés, auxquels il faut ajouter les 1.200 déportés de la Centrale d'EYSSES, selon les témoignages de l'âpreté des combats menés.

     


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  • POUR HONORER LA MÉMOIRE DE CELLES ET CEUX QUI SONT M.P.L.F.

    A l'usine de FUMEL, à la fin des hostilités, le directeur, monsieur AURIN a fait apposer sur le mur du bâtiment de l'entrée, une plaque réalisée dans l'usine sur laquelle sont notés les noms des personnes qui ont été faites prisonnières et de ceux qui sont morts aux combats, cette plaque est toujours visible.

    Plaque apposée à l'école Jean Jaurès à FUMEL et sur le mur de l'ancienne école de Condat

    Plaque usine de Fumel - Photo de Danielle Darquié


    NOMS DES RÉSISTANTS QUI TRAVAILLAIENT A L'USINE


    Noms prénoms
    État civil
    Circonstances
    Informations non trouvées

    BERTY René


    Prisonnier en 1940
    X

    FABRE Louis


    Prisonnier en 1940
    X

    HIBERT Louis


    Prisonnier en 1940
    X

    KUNTZ Georges, Maurice, Charles

    Né le 07/02/1917 à CHALONS-sur-Marne
    M.P.L.F. le 15/08/1944 à LAMAGISTERE 82


    MATA René, Roger

    Né le 17/04/1914 à FUMEL
    M.P.L.F. le 17/06/1940 à Compiègne


    MAYER Jean-Louis, Maxime

    Né le 06/08/1911 à CUZORN
    M.P.L.F. le 13/06/1940 à GERMIGNY 77


    SCHAEFFER Claude, Hyppolite, Albert, Ferdinand

    Né le 19/06/1921 à SAINT-AMÉ 88
    M.P.L.F. le 13/06/1940 à PRADINES 46


    TORIKIAN John

    Né le 23/04/1927 à Châteauneuf-du-Rhône
    M.P.L.F. le 17/08/1944 à Saint-Jean de THURAC



    Capitaine KUNTZ Georges, Maurice, Charles : était né le 07/02/1940 à Chalons-sur-Marne. Il appartenait au bataillon "GEOFFROY". Dans le discours prononcé par le lieutenant GUITARD, (le commandant GEOFFROY étant blessé), lors des obsèques il dit : "Je viens vous dire un dernier au revoir capitaine KUNTZ, mort pour la France le 15 août, au cours d'une mission de reconnaissance près du village de LASPEYRE. Il fut un des pionniers de la Résistance. Lorrain et officier d'artillerie, il n'accepta jamais la défaite de 1940 et le joug allemand. C'était un patriote…. "
    La municipalité de FUMEL a donné son nom à une rue de la ville.


    René Roger MATA est né le 17 avril 1914 à Fumel, son père Antonio à 41 ans, il est fondeur à l'usine de Fumel, sa mère Prudance COSUEJUELA a 45 ans. Roger appartenait au 17ème régiment de tirailleurs algériens, il a été tué le 11 juin 1940 à Compiègne par l'aviation italienne, il est reconnu Mort pour la France.

    MAYER Jean-Louis, Maxime est né le 06 août 1911 à CUZORN. Il appartenait au 59ème régiment d'Infanterie. Il est Mort pour la France le 13 juin 1940 à GERMIGNY L'EVESQUE en Seine-et-Marne (fiche du site Mémoire des Hommes).

    SCHAEFFER Claude, 1ère classe : est né le 19/06/1921 à SAINT-AMÉ dans les Vosges. Il appartenait au bataillon GEOFFROY. Jean VERMONT, dans le discours qu'il a prononcé lors des obsèques a dit : "SCHAEFFER, agent de liaison, a toujours été un soldat exemplaire, intelligent, discipliné, d'une correction parfaite. Ses qualités morales et militaires lui attiraient l'estime de tous. Très souvent, les missions les plus délicates lui ont été confiées. C'est en accomplissant la dernière qu'il a trouvé la mort : après une mission secrète à Cahors, il rejoignait la colonne sur la route. En difficulté avec sa motocyclette, il s'arrête à PRADINES pour réparer. C'est alors qu'il tomba dans une embuscade ennemie. Il fut lâchement abattu. Il est mort en brave ne révélant rien."

    TORIKIAN John : est né le 27 avril 1927 à Châteauneuf dans la Drôme. Ses parents, Arméniens avaient fui leur pays au vu des événements tragiques. L'usine de FUMEL recrutait et proposait un logement, la famille est venue s'y installer. John fréquentait le centre des Apprentis de l'usine S.M.P.P. il participait aux activités du Front National. Le jeune John et un camarade falsifient leurs papiers d'identité pour s'enrôler dans le maquis de DOLLÉ.

    Lettre extraite du journal : "France - Arménie" numéro 135 de juin 1994

    "John TORIKIAN : sa vie pour la France.

    Beaucoup d'Arméniens, étrangers au regard de l'État, s'étaient engagés dans la Résistance. Si Missak MANOUKIAN en est la figue emblématique, leur histoire dans les différents maquis reste à écrire. Madame TORIKIAN de Gourdon dans le Lot, nous livre celle de son frère John. "Je joins à cette lettre, une photographie de mon frère John. En cette année où toute la France commémore le cinquantenaire de la Libération de ce pays, je voudrais que l'on se souvienne aussi de lui. Il avait 17 ans en 1944. Engagé dans les F.F.I. du Lot-et-Garonne, il a été tué le 17 août 1944 à Saint-Jean de THURAC (47). Blessé par les Allemands, achevé par les miliciens parmi lesquels il avait reconnu un camarade de classe. Lorsque notre père est allé reconnaître son corps à la morgue, il n'a pu identifier son fils que par "les chaussettes tricotées à la maison". Notre mère s'est laissé mourir de chagrin, trois ans après. J'avais 2 ans. La ville où nous habitions a donné à la rue où nous habitions le nom de "Rue TORIKIAN". C'est la ville de FUMEL.

    Ce témoignage prouve que même des Arméniens ont donné leur vie pour que la France et les Français vivent en paix."

    Lettre écrite par la jeune sœur de John, AZADE au journal et publiée sur Internet.


    LA PLAQUE APPOSÉE PAR L'AMICALE LAÏQUE DE FUMEL

    Madame AYMES présidente de l'Amicale Laïque de FUMEL a fait apposer sur les murs des écoles de FUMEL et de CONDAT une plaque sur laquelle figurent les noms des jeunes qui ont fréquenté ces écoles et qui sont Morts pour la France pendant la 2ème guerre mondiale. Une subvention de 5 000 francs a été accordée par la municipalité pour la réalisation.


    LA PLAQUE APPOSÉE PAR L'AMICALE LAÏQUE DE FUMEL

    Plaque apposée à l'école Jean Jaurès à FUMEL et sur le mur de l'ancienne école de Condat
    Photo de Danielle Darquié


    Noms
    Prénoms
    Date de naissance
    Date de décès
    M.P.L.F.

    BOIZARD

    Charles

    22/09/1922 FUMEL
    19/04/1944
    Toulouse
    OUI

    DEJOUY

    Georges

    21/11/1924 FUMEL
    00/05/1945
    Lubeck
    OUI

    DUFOUR

    Christian

    01/04/1923
    Saint-CYPRIEN
    11/03/1945
    AIGREFEUILLE 16
    OUI

    FERNANDEZ

    Jean-Baptiste

    14/02/1915
    ESPAGNE
    24/04/1940
    ROUEN
    OUI

    ARDAILLOU FILHOL

    Marguerite-Louise

    22/05/1904
    FUMEL
    02/04/1945
    Neubrandenburg
    OUI

    JULIEN

    Félix

    22/05/1922
    FUMEL
    03/07/1994
    Toulon
    OUI

    LANSAC

    Adrien

    23/08/1917
    FUMEL
    26 mars 1943
    LINZ Autriche
    OUI

    MATA

    Roger

    17/04/1914
    Fumel
    11/06/1940
    COMPIÈGNE
    OUI

    PUYANÉ

    Charles

    12/05/1924
    MAUVEZIN
    18/09/1944
    AUTUN 71
    OUI

    REDOULÉS

    Guy

    16/09/1911
    TRENTELS
    15/08/1944
    St ROMAIN Le Noble
    OUI

    ROUSSILLES

    Jean-Louis

    05/03/1922
    FUMEL
    14/03/1945
    ROTENBURG
    OUI

    TROUGNAC

    Robert

    19/05/1914
    FUMEL
    02/01/1942
    Lieu inconnu
    OUI

    VALADIÉ

     


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  • QUI ÉTAIENT CES JEUNES ET QUEL A ÉTÉ LEUR DEVENIR ?


    Charles BOIZARD dit CHOMINO musée de la Résistance Cahors
    Charles BOIZARD est né le 22/09/1922 à Fumel Lot-et-Garonne.
    Le père de Charles, Gabriel Émile Elie BOIZARD est né à FALLERON en Vendée.
    Sa mère, Yvonne JOUFFREAU est née à FUMEL.

    Charles dit "CHOMINO" lieutenant dans la Résistance.


    Charles BOIZARD est un élève brillant à l'école, il obtient son Certificat d'Études comme premier du canton. Il entre au Cours Complémentaire de FUMEL et poursuit brillamment ses études. A 16 ans, il passe et réussit le concours pour l'École Normale de CAHORS. En 1938 il intègre l'École Normale comme interne.

    Puis la guerre survient, le régime de Vichy s'installe, les normaliens doivent chercher un hébergement dans CAHORS. La voisine de madame BOIZARD, la maman de Charles est madame CANTEGREL qui est directrice de l'école maternelle. Elle donne l'adresse à Cahors, de sa sœur qui pourra héberger Charles. Cette personne est madame CHAPOU, la mère du futur maquisard.
    Charles vient exercer un an à COUVERT, puis 2 mois à MAUROUX. Il doit aller aux Chantiers de Jeunesse, il s'y rend. Puis il est appelé au S.T.O. Après mûre réflexion, il décide de rejoindre le maquis en juillet 1943. Son premier lieu d'hébergement sera une ferme qui sert d'infirmerie au maquis de CHAPOU. Ce dernier est un professeur révoqué par le régime de Vichy car il était Franc Maçon, il a formé son propre groupe d'une vingtaine de jeunes. CHAPOU reconnaît Charles et lui propose de prendre le commandement d'un groupe. Charles accepte et part avec ses hommes. En février 1944, CHOMINO est commissaire aux effectifs.

    Une opération demandée au groupe "France" était de faire diversion à CAJARC, malheureusement la Milice et les GMR sont arrivés, les maquisards ont été encerclés. Le groupe n'a pas reçu l'ordre de repli, ils ont donc voulu tenir leur position, puis ils ont eu un blessé et ont décidé de se replier. Charles a pris le blessé sur son dos et l'a caché dans une grange. Les Allemands ont suivi les traces de sang laissées par le blessé sur le sol. L'endroit était un cul de sac. Les copains de Charles se sont cachés. Le paysan de la ferme n'a pas dénoncé les maquis. Les Allemands ont tout pillé dans la ferme, tout le ravitaillement dans la cuisine, le cochon…. puis ils ont repéré un vêtement dans les bois et ont arrêté Charles et son copain. Le blessé a été sauvé.

    Les maquisards arrêtés ont été emmenés à la Gestapo à Cahors. Les copains voulaient aller les libérer mais les Allemands les ont été transférés à la prison Saint-Michel à Toulouse. Ils sont passés devant un tribunal militaire qui les a condamnés à mort, le lendemain ils étaient fusillés. Les corps ont été enterrés dans un charnier à BORDELONGUE dans une ferme. Les voisins avaient entendu du bruit, ils l'ont signalé, en septembre 1944, dans cette fosse ont été découverts les corps de 27 hommes.

    Quand il a su qu'il allait être exécuté, Charles a écrit deux lettres, l'une à ses parents, l'autre à son frère, Jean plus jeune, ces lettres il les a confiées peut-être à un aumônier de la prison ? Ces lettres ont été postées et la famille les a reçues, apprenant ainsi la mort de leur fils. Charles avait mis son vrai nom dans la poche de son veston, son corps a pu être reconnu dans le charnier, les parents ont pu lui donner une sépulture décente.

    DEJOUY Georges est né le 21/11/1924 au Tiple de CONDAT, son père Jean DEJOUY est né à Fumel, il est cultivateur. La mère Maria Élise COUTRIX est née à Fumel. Georges est décédé en avril 1945 à Lubeck en Allemagne. Le jugement Mort pour la France a été émis le 15/10/1959 et transcrit à la mairie de Fumel le 12/11/1959.


    Dans le livre "Histoires tragiques du maquis" paru en 2011, Pierre LOUTY transcrit, page 574, une lettre du 07/09/1983, adressée aux parents de Georges DEJOUY, Paul DESORT ex-lieutenant F.F.I. "Tom" raconte :

    "En mai 1944, je commandais un groupe d'instruction de jeunes maquisards stationné en plein bois au lieu FOUVERGNES, à quelques kilomètres au sud est de l'agglomération de SAINT-POMPON en Dordogne. Le jeune volontaire DEJOUY Georges fut affecté à mon groupe où je le chargeai de la conduite et de l'entretien d'un véhicule militaire... Quelques jours après son arrivée, j'avais à me rendre à SIORAC où je devais prendre deux jeunes volontaires qui m'étaient affectés. J'étais averti d'un mouvement de la division allemande DAS REICH, ... mouvement ayant pour but le ratissage de la zone FUMEL - VILLEFRANCHE du Périgord - CAZALS mais j'estimais partir sans trop de risques... Nous partîmes le 26 mai vers 6 heures du matin. Georges DEJOUY chauffeur de la camionnette à gazogène, un aviateur canadien, Léa et moi-même. A l'entrée du Got, nous vîmes devant nous un groupe de véhicules allemands et un rassemblement de soldats. Le passage étant impossible, je donnai au chauffeur l'ordre d'obliquer à gauche à travers un chantier de scierie et de stopper au bout du chantier, à l'entrée de la forêt, pensant nous mettre à l'abri. Nous n'en eûmes pas le temps... Les Allemands étaient sur nous, exigeant nos papiers, en étant démunis, nous fûmes contraints de monter dans une voiture allemande."

    Paul DESORT parvient à s'enfuir alors qu'ils sont enfermés dans une maison de FRAYSSINET le Gélat. Il poursuit
    .: "Je n'ai jamais su ce qu'il était advenu de mes compagnons, sauf le témoignage, que je peux certifier digne de foi de monsieur Édouard LACOMBE de Sauveterre-la-Lémance qui a vu Georges DEJOUY sur le chemin de la déportation."

    DUFOUR Christian est né le 01 avril 1923 à Saint-CYPRIEN en Dordogne. Le père Jules Aristide Eugène est journalier, il a 30 ans, la mère MARTY Antoinette est sans profession, elle est âgée de 31 ans.
    Christian est décédé le 11/03/1945 à AIGREFEUILLE d'Aunis dans les CHARENTES.

    FERNANDEZ Jean-Baptiste est né le 14/02/1915 à MALLAPARDA de P. en Espagne.
    Jean Baptiste appartenait au 27ème groupe de reconnaissance divisionnaire d'Infanterie. Il est décédé le 23/05/1940 à l'hôpital de ROUEN d'une plaie à l'abdomen.

    ARDAILLOU-FILHOL Marguerite est née le 22/05/1904 à FUMEL. Ses parents avaient un magasin de chaussures à Fumel. Elle épouse René FILHOL, instituteur communiste. Mobilisé en 1940 puis démobilisé, il reprend son métier mais il est révoqué par le préfet pour ses idées. Il est dirigeant du FRONT National à AGEN. Marguerite participe également aux activités des groupes Libération et Combat. En octobre 1942, René FILHOL est arrêté, sa femme revient à FUMEL chez ses parents avec ses enfants. Malgré le danger et les menaces, elle poursuit ses activités.
    En mai 1943, elle est arrêtée à FUMEL, conduite successivement : à la caserne LACUEE à Saint-Michel à Toulouse, à Compiègne avant d'être déportée le 04 juillet 1944 dans les camps en Allemagne, elle passe par RAVENSBRUCK et meurt le 03 avril 1945 à NEUBRANDENBURG. Son nom a été donné au lycée de FUMEL.

    JULIEN Félix est né le 22/05/1922 à FUMEL.
    Il s'engage dans la Marine. Il était à MERS-el-KEBIR quand la flotte anglaise a bombardé la marine française. Félix est mort noyé. Il a été reconnu Mort pour la France le 29/05/1941.

    LANSAC Adrien est né le 23/08/1917 à FUMEL. Le père Elie LANSAC est manœuvre à l'usine, âgé de 44 ans. La mère Adrienne LACOUR a 33 ans.
    Adrien est décédé le 26/03/1943 à LINZ en Autriche, il a été reconnu Mort pour la France le 28/01/1947.

    MATA André Roger est né le 17/04/1914 à FUMEL. Le Père Antonio MATA est fondeur à l'usine, il a 41 ans, la mère Pridence CASEUJUELA a 45 ans.
    André est mort le 11/06/1940 à COMPIÈGNE sous les bombardements italiens sur la ville.

    PUYANÉ Charles Louis Raoul est né le 12/05/1924 à MAUVEZIN dans le Gers. Le père PUYANÉ Ramon est âgé de 41 ans, il est cultivateur. La mère PALACIN Marie Dolorès 38 ans est ménagère.
    Charles était dans le maquis, combattant volontaire avec monsieur Roger NOUVEL le père de l'architecte, au sein du Corps Franc Pommiès. Ils combattaient contre une colonne allemande qui occupait AUTUN. Charles a été tué dans les combats le 18/09/1944.

    REDOULES Guy Marcel est né le 16/09/1911 à TRENTELS. Le père REDOULES Jean est tailleur d'habits il a 29 ans et habite à Penne. La mère FOULOU Andrée Marguerite est tailleuse de robes elle a 25 ans.
    Guy appartenait au groupe GEOFFROY de Fumel. Lors de ses obsèques, dans son discours le lieutenant GUITARD évoque : "Il fut l'homme de la première heure. Sans répit, il travailla à la formation de notre groupe et fut une cheville ouvrière de l'unité telle qu'elle s'est constituée. Il est mort en accomplissant une mission de reconnaissance près du village de LASPEYRE. Blessé deux fois, la seconde balle le terrasse. C'était un français, un vrai, un de ceux qui placent, au-dessus de tout, leur Patrie."

    ROUSSILLES Jean-Louis est né le 05/03/1922 à FUMEL. Le père Lucien est cultivateur et a 31 ans, la mère Marie BEZARD est âgée de 40 ans, sans profession.
    Jean-Louis est décédé le 14/03/1945 au camp de ROTENBURG en Allemagne.

    TROUGNAC Robert Gérard est né le 19/05/1914 à FUMEL. Le père Armant Marius TROUGNAC est un maçon âgé de 43 ans. La mère Marie SEGUY a 38 ans.
    Robert est décédé le 02/01/1942 de maladie dans un lieu indéfini, il était militaire.

    VALADIÉ Marcel est né le 05/09/1922 à FUMEL, le père Marius Pierre a 28 ans il est cultivateur, la mère Adrienne DECAZEAUX a 20 ans, elle est aussi cultivatrice.
    Marcel est engagé volontaire en 1939, il rejoint l'Armée Secrète lors de la signature de l'Armistice. Il est agent de liaison en Haute-Savoie dans la région de CLUZES. Le 31 décembre 1943 il est arrêté suite à une dénonciation, emmené comme prisonnier au Fort de MONTLUC à LYON, torturé, il répétera son nom de guerre "je m'appelle Darly BOISIGUY, je suis citoyen belge". Il ne parlera pas. Le 12 juin 1944, il sera fusillé avec 21 camarades à NEUVILLE sur SAÔNE, âgé de 22 ans. Il sera reconnu Mort pour la France le 22/01/1946.

     


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  • L'abominable calvaire d'un français, récit entre tous dramatique. Cette histoire est citée comme épisode, car bien d'autres, en Agenais, furent, en cette journée du 21 mai 1944, les frères de malheur de Jean Abouly, au cours de la grande rafle qui ensanglanta Vergt-de-Biron, Lacapelle-Biron, Gavaudan, Salles, Fumel, Monsempron, Mantagnac-sur-Lède, Frayssinet-le-Gélat.

    Carte

     

    Dans la nuit du 20 au 21 mai 1944, à minuit, l'alerte était donnée aux unités de la Division S.S. "Der Führer", cantonnées en Tarn-et-Garonne, à Caussade et Montauban. Branle-bas de combat ! Brefs commandements. Les colonnes légères s'élancent, au grondement des moteurs. Vers le nord-ouest, une vaste opération d'ensemble contre le Maquis est engagée sur un front allant de Villeneuve-sur-Lot à Freyssinet-le-Gélat (environ 50 kilomètres).
    Parmi les nombreux et sanglants épisodes de cette mémorable journée, seuls les incidents dont les communes de Dévillac, Vergt-de-Biron et Lacapelle-Biron furent le théâtre seront évoqués.


    A la pointe du jour, les Allemands sont arrivés à Vergt-de-Biron.

    Longue théorie de camions chargés d'hommes en armes, de voitures de tourisme portant les officiers et de chenillettes.

    Le tertre élevé de Vergt-de-Biron, plutôt hameau que village, sur la frontière du Lot-et-Garonne et de la Dordogne, avec son église à flèche élancée, son école et ses trois maisons, sera le quartier général des Allemands, face au château historique de Lacapelle-Biron et à la forêt touffue, recouvrant de son manteau vert sombre les coteaux environnants.

    Des 6 heures, heure allemande (4 heures solaire), les Allemands occupent le village.

    Tous les hommes de la commune et du voisinage sont arrêtés revolver au poing et amenés, selon l'habitude des S.S. - environ 70 personnes - dans l'église.

     

    Eglise de Vergt-de-BironL'église de Vergt-de-Biron

     

    Aussi à Dévillac, village voisin, liste en main, les Allemands sont venus arrêter Abouly Jean, propriétaire-agriculteur, au lieu dit "Freysses".

    L'arrestation a lieu "en force".

    Les Allemands font feu sur Abouly, placé face au mur du poulailler, simple simulacre, mais terrassé par l'émotion, le malheureux tombe en syncope. Son calvaire ne fait cependant que commencer.

    Arrêté ainsi que sa femme et un réfractaire, Jacques Bouvier, pseudo-domestique agricole, les trois personnes sont aussitôt conduites à Vergt-de-Biron, à 3 kilomètres, pour être interrogées sur les dépôts d'armes recherchés par les Allemands.

    Mais, au domicile d'Abouly, c'est, en même temps, le pillage.

    Les soldats enlèvent :

    - tout le linge ;
    - les bijoux ;
    - les provisions ;
    - la vaisselle ;
    - les vêtements ;
    - trois bicyclettes ;
    - une truie.

    A Vergt-de-Biron, la scène de torture commence. Abouly est pendu par les pieds a l'aide d'une énorme corde sous le hangar des époux Campedel.

    Un officier S.S. grand, blond, coiffé d'une casquette - un lieutenant, il a deux étoiles d'argent sur la patte d'épaulette - dirige le supplice.

    Cet homme est jeune, racé, élégant, montre-bracelet avec gourmette en or, monocle, strictement ganté, bottes vernies.

    Sous ses ordres et en sa présence, à tour de rôle, les soldats ayant, pour être plus agiles, quitté leur vareuse, armés de pieux de châtaignier, frappent à coups redoublés Abouly qui hurle si fort qu'à plus de trois cents mètres, des voisins effrayés entendent ses cris.

    Les tortionnaires sont plus de cinquante. Vraie meute hurlante faisant effroyable vacarme pour couvrir, par leurs hurlements, les plaintes d'Abouly.

    Ce dernier lance enfin l'appel des désespoirs suprêmes :
    "Mamaï, Mamaï (Maman ! Maman !) dans ce patois languedocien, sa langue habituelle.


    L'un des soldats l'atteint alors au visage. Le sang gicle. A ce moment une sorte de délire, de folie collective s'empare des soldats. Cette vue du sang les déchaîne. Ils dansent, sautent, applaudissent, tandis que de plus en plus faiblement les cris de la victime se font entendre.

    C'est, en vérité, la danse du scalp, horreur difficilement concevable pour nous. Vision d'horreur, vision dantesque.

     

     

    *

     

    *

     

    *

     

    La dame Fleurat Crésa, restauratrice à Vergt-de-Biron, a vu Abouly, pendu tout nu par un pied sous le hangar et les soldats allemands le frapper à coups de barre et de maillet durant toute la journée jusqu'à ce qu'il fût comme mort. Elle a vu aussi les soldats allemands danser et applaudir autour du supplicié.

    La dame Campedel Gabrielle a été aussi témoin du martyr d'Abouly.

    Cet horrible supplice cesse enfin lorsque Abouly n'est plus qu'une chose inerte. Abouly défaille, mais il ne parlera pas. Il mourra en héros, sans avoir "donné" les secrets du maquis.

    Le témoin Boissière Antoine, sexagénaire, amené par un soldat allemand de l'église à sa maison voisine, aperçoit la scène.

    Voyant Boissière, l'officier, rendu furieux par la présence de ce témoin, se précipita sur lui aux cris de : "R'aus ! R'aus !" et le repousse au large.

    Abouly, sans force, quasi-inanimé, est étendu sur le siège d'un camion. Il s'effondre. On le couche alors sur le capot d'une chenillette. Sa figure est gluante de sang. Il est inerte.
    Les soldats le couvrent d'une bâche.


    La rafle est terminée. Soixante-dix otages arrêtés et enfermés dans l'église sont chargés sur les camions allemands et emmenés de Vergt-de-Biron à Agen.

    Abouly, agonisant, est jeté sur l'un des camions à côté de la truie volée chez lui par les pillards. La bête, sur le point de mettre bas, se libère de sa progéniture sur le mourant et le couvre de ses déjections, étouffant ses derniers râles.

    Vision d'épouvante dans ce camion où sont entassés les otages impuissants à venir en aide à leur camarade de malheur, gardés par deux S.S., torse nu revolver au poing. X..., un israélite, a raconte l'agonie d'Abouly, ayant pu sauter ensuite du camion en marche, profitant d'un moment d'inattention de ses gardiens en glissant hors des "ranches" au risque de se rompre les os. Ce rescapé des événements a raconté à des tiers les atrocités dont il avait été le témoin et le miraculeux rescapé. (Témoignage de M. Breil, rue Sainte-Catherine, à Villeneuve-sur-Lot).

    Il n'a pas été possible, malgré nos recherches minutieuses, de découvrir le corps d'Abouly abandonné par les Allemands en un point ignoré.

    Le lendemain, sa femme et les autres personnes arrêtées étaient conduites à Agen, puis interrogées par la Gestapo et torturées.
     
    Vergt-de-Biron

    Le mardi, 23 mai, les soldats allemands revenaient pour la deuxième fois chez Abouly à Dévillac et continuaient le pillage de la maison.

     

    Ils emportaient un jambon, des mouchoirs, 50 litres de vin blanc, une barrique de vin rouge, 15 dindonneaux, neuf vaches, trois veaux, les roues d'une automobile. Le préjudice dépassait à l'époque le demi-million.

     

    Enfin, le 26 mai, les Allemands allaient pour la troisième fois, avec persévérance et acharnement encore à Freysse, chez Abouly.

    Ils abattaient sauvagement, sur la route, à proximité de la maison Abouly, le jeune Domingie Yvan, 23 ans, qui revenait en automobile du village voisin, Le Laussou, chercher du pain pour sa famille. Exécution sans sommation.

    Ce meurtre sans excuse clôturait les exploits des S.S. dans cette région.

    L'un des auteurs responsables des événements, tortures et arrestations des autres personnes du voisinage, est connu. Il s'agit d'un sous-officier affecté au service de la Gestapo à Agen.

    L'officier responsable de l'opération de Dévillac (Lot-et-Garonne) et Vergt-de-Biron (Dordogne) est un commandant du régiment "Das Reich". Cela résulte des déclarations d'un soldat, alsacien d'origine, recueillies le 10 janvier 1945.

    Ce soldat s'est exprimé en ces termes : "Vers la fin de mai, nous sommes allés dans la commune de Vergt-de-Biron où des maquisards avaient été signalés à la Gestapo d'Agen.
    Des membres allemands de ce service participaient d'ailleurs à cette expédition.

    

    ABOULY, de DevillacL'église où furent enfermés les otages.
    En médaillon : ABOULY, de Dévillac dont le calvaire est relaté ici.

     

    Un commandant était à la tête de cette opération. C'est lui, accompagné de ses officiers et sous-officiers, qui effectua la perquisition dans une ferme (ferme Abouly) qu'ils pillèrent et d'où ils emportèrent toutes les provisions ainsi que le bétail."

    "Ils arrêtèrent le père et le fils (le soldat se trompe : ils arrêtèrent Abouly, le fermier, marié, sans enfants, et son apparent domestique, le jeune Jacques Bouvier, réfractaire du S.T.O. caché chez lui, comme domestique) les pendirent par les mains à une poutre d'un hangar à tour de rôle, où ils les frappèrent de toutes leurs forces jusqu'à ce qu'ils aient indiqué le lieu où étaient cachées les munitions de ce groupe de résistance. (Ceci est faux. Abouly n'a pas parlé.) Le père (Abouly) est mort des suites des coups qu'il avait reçus. Je ne sais pas ce qui fut fait du fils (Jacques Bouvier, le pseudo-domestique fut déporté) et ils emmenèrent également la mère.

    "Pendant qu'ils effectuaient leur "travail", ils avaient fait mettre tous les soldats alsaciens derrière la ferme gardés par un gradé allemand afin qu'ils ne puissent voir."

    Un lieutenant non identifié avait annoncé que, si le dépôt d'armes dont les Allemands avaient connaissance par dénonciation n'était pas découvert, les soixante-dix otages enfermés à Vergt-de-Biron seraient fusillés.

    De justesse, les habitants de ce village risquèrent donc un même destin que celui qui fut fatal à la population d'Oradour-sur-Glane.

    D'autant que le commandant devait, par la suite, commander l'horrible massacre d'Oradour-sur-Glane, donnant ainsi sa mesure.

     

    Monument aux Morts de DévillacMonument aux Morts de Dévillac.

     

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    Le même jour, le coquet village de Lacapelle-Biron, voisin de celui de Vergt-de-Biron, devait payer lui aussi, son tribut à la sauvagerie allemande.

    M. Souchal, qui fut déporté, maire actuel* (*lors de la rédaction de ce document, note du webmestre) de Lacapelle-Biron, nous a donné un récit de "la chasse à l'homme" à laquelle se livrèrent, dans cette commune, les Allemands.

    "A Lacapelle, une souricière avait été mise en place, à chaque entrée du village.
    "A 18 heures, les hommes furent ramenés sur la place.
    A 18 h. 45, ils montèrent sur des camions. La colonne, escortée des S.S., fit route en direction de "Majoulassy", à l'Hôtel des Roches, de Gavaudun, où elle arriva à 18 h. 30.

    "Là, d'autres prisonniers furent joints à la colonne. Toute personne circulant sur les routes environnantes était, en effet, arrêtée dans la région de Lacapelle-Biron. Des paysans travaillant dans leurs champs, comme Zamora, de Gavaudun, furent appréhendés. Un mutilé de la guerre de 1914, Laparre Oswald, veut avoir des nouvelles de son fils arrêté. Il est parqué et déporté. Dans Hôtel des Roches, se trouvaient plusieurs officiers S.S. dont l'un circulait dans une traction avant, en compagnie d'une femme blonde "la Hupcher", agent de la Gestapo. De "Majoulassy" repartit, après une attente de une heure et demie, la colonne complète, formée de 118 prisonniers. Les nouveaux venaient de Dévillac, de Vergt, de Gavaudun, Salles ou des communes environnantes : Fumel, Monsempron, Montagnac-sur-Lede.

    "A noter que, pendant l'appel de Lacapelle et toute la journée, des brutalités furent exercées par les boches, en particulier sur un jeune motocycliste, lequel fut jeté à terre, roué de coups, piétiné, frappé de coups de crosse, etc... Au Laussou, il y eut, aussi, de nombreuses arrestations, ainsi qu'à Vergt, Gavaudun, Salles ou dans les communes environnantes.

    La colonne fut enfin emmenée à Agen, Caserne Toussaint.
    Là, une harangue fut adressée aux prisonniers par la femme blonde qui se trouvait dans la traction du Commandant allemand, chef de la colonne. Puis ce fut la déportation.


    Parmi les 118 déportés de la rafle, 52 devaient mourir en terre allemande.

     

    Lacapelle Biron
    "Les boches allèrent trouver le Maire, M. Lagarrigue, âgé de 71 ans, et firent amener l'appariteur : une vieille femme de 78 ans. Après l'avoir brutalisée, ils la firent monter sur une camionnette, sous la surveillance d'un soldat allemand, et parcourir toute l'agglomération. A chaque carrefour, elle devait annoncer, au son du tambour, le rassemblement immédiat de tous les habitants mâles, sans exception.

    "Ce rassemblement eut lieu sur la place, à l'endroit où s'élève, actuellement, le Monument. L'appel fut fait par le Maire, avec, pour contrôle, le registre de la mairie.

    "Le Maire était tellement troublé qu'il appela des morts, ce qui provoqua une réflexion acerbe du Commandant S.S.

    "Après l'appel, les hommes furent emmenés dans une prairie, sur la route de Gavaudun, gardés a vue, comme sur la place, par des boches armés de mitrailleuses. Ils restèrent là toute la journée sans ravitaillement. Dans l'après-midi, quelques rares femmes eurent, quand même, la permission d'apporter des vivres et à boire aux prisonniers. 

    "Soixante hommes furent ainsi rassemblés, dont le prêtre.

    Dans la journée, les boches trièrent ces hommes et gardèrent ceux dont l'âge était compris entre 18 et 60 ans, soit 47. Les autres furent relâchés. Un seul s'était échappé : Domingie, de Dévillac. Il fut surpris le lendemain par une patrouille et fusillé.

     

     

    *

     

    *

     

    *


    Lacapelle-Biron - Monument aux morts 
    Monument aux Morts de Lacapelle-Biron.

    LISTE DES DÉPORTÉS DE LACAPELLE-BIRON
    ARRÊTÉS LE 21 MAI 1944 & DÉCÉDÉS EN DÉPORTATION

    01. ABMED Mustapha
    0
    2. ADMAR Ben Mohamed, (décédé depuis)
    0
    3. AUGÈRE Fernand
    0
    4. AMADIEU Raymond
    0
    5. AUTHIER Jean
    0
    6. AUGIÉ Abel
    0
    7. BARRAS Arthur.
    0
    8. BÉZARD Léon
    0
    9. BROUSSE Jean
    10. BUGIER René-Paul
    11. CAUMIÈRES Raymond
    12. CAZAL Émilien
    13. CASTANET Alfred, (décédé depuis)
    14. CAMPEDEL Antoine
    15. CHRÉTIEN Claude, (décédé depuis)
    16. COMBROUZE André
    17. DEJOUY Georges
    18. DELAYRE Hubert
    19. DELAYRE Louis
    20. DELPIT Amédée
    21. DELORENZI Auguste
    22. FAVARETTO Pierre
    23. FAVARETTO Emilio
    24. FAVARETTO Ernest
    25. FAGEOL Roger
    26. GENESTE Pierre
    27. GARDET Elie, (décédé depuis)
    28. JUGE Pierre
    29. JAMBOU Roland

    30. LAFABRIE Roger
    31. LAGARRIGUE Jean
    32. LAPARRE Oswald
    33. LAPARRE Claude
    34. LASALLE Alexandre
    35. MÉRIGNAC Eloi
    36. MARCENAT Léopold
    37. MOREAU
    38. MARMIÉ Raoul
    39. MIQUEL François
    40. PEBEYRE Pierre
    41. PARAGOT Charles
    42. PORTES Paul
    43. RABOT Jean
    44. RIGAL Gaston
    45. SÉROUGNE Yvan
    46. SÉROUGNE Raymond
    47. SÉROUGNE Jean
    48. TOURRET Pierre
    49. TREMBLAY Jacques
    50. WITKOWSKI Bernard
    51. ZAMORA François
    52. ZOMER Auguste.

    Fusillés

    ABOULY Ernest
    DOMINGIE Yvan


    LISTE DES DÉPORTÉS DE LACAPELLE-BIRON
    ARRÊTÉS LE 21 MAI 1944 & RAPATRIÉS

    01. ALBAGNAC Gilbert
    0
    2. ASTOUL Louis
    0
    3. AUSTRUY
    0
    4. AZNAR François
    0
    5. BALES Etienne
    0
    6. BARAS Léopold
    0
    7. BARAS Louis
    0
    8. BAR]OU André
    0
    9. BAYOU Robert
    10. BONFILS Jean
    11. BORGE Alexis
    12. BORD Roger
    13. BOULLÉ Noël
    14. BUGIER Louis
    15. BULIT André
    16. CHATEAURENAUT Jean
    17. CHRÉTIEN Hubert
    18. CHOPART Roland
    19. CAMINADE Jean
    20. CAMPEDEL Mario
    21. CASTANET Paul
    22. CASTRO Bénigno
    23. CHAIGNEAU Similien
    24. COMITTI Antoine
    25. COSSE Raymond
    26. DANÉ Roger
    27. DA SOUZA André
    28. DURAND Georges
    29. DELBALAT Camille
    30. GASPARINI Raymond
    31. IMBERNON Pedro
    32. JACOB Claude
    33. LACOMBE Edouard

    34. LACROIX Maurice
    35. LAFABRIE Gilbert
    36. LECLERCQ Louis
    37. LEYGUES Lucien
    38. MARTIN Louis
    39. MARTY Paul
    40. MERDINGER Bernard
    41. PARREIL Etienne
    42. PARREIL Jean
    43. PÉRIÉ André
    44. PENCHE Antoine
    45. PEREIRA Accasio
    46. PERICOLI Jean
    47. PICHET André
    48. PIZZOL Dominique
    49. POUJADE Jean
    50. POURCHOT Raymond
    51. POURCHOT Jean
    52. RAUST Pierre
    53. REGNERIE Pierre
    54. ROUX René
    55. SAIGNE Léonce
    56. SALVANT Félix
    57. SEQUEIRA Joachim
    58. SOUCHAL Roger
    59. SOUILLAC Jean
    60. SOUILLÉ Gabriel
    61. SOUILLÉ Roland
    62. VAUDOIS
    63. VAZELLE Emilien
    64. VOLLAUD Alfred
    65. VENTALOU
    66. VORONIAK Jean


    LISTE DES FUSILLÉS
    Nérac

    ABITCOUL Charles
    CAPDEVILLE Eugène
    CAPOT Walter
    DEGLAVE Charles
    DEVIC Louis
    DULOIN Raymond
    DUTOUR Jean
    FAUBERT Robert
    GIACHELLO Pierre
    DROUILLET André

    DALIA Navaro
    GRÈNE Joseph
    KREPPER Léon
    LABROUILLE Denis
    LATOUR Franck
    POCICELSKY Boin
    SAUBESTIS Jean
    SCIERS Charles
    THOMAS Michel

    ARRONDISSEMENT DE VILLENEUVE-SUR-LOT
    CANTON DE CANCON

    Casseneuil

    LOUBIÈRES André

    Castelnaud de Grattecambe

    GRABIER André

    CANTON DE FUMEL

    Fumel

    BOIZARD Charles
    DENUEL Pierre
    FOURMENT Roger
    MUSQUI Elisée
    REDOULÈS Guy
    SCHAEFFER Claude
    TORIKIAN Jean
    TROUGNAC Robert
    VALADIE Marcel
    WEISMANN

    CANTON DE MONFLANQUIN

    Monflanquin

    CHAMPAGNE José
    CLARI Jean-Etienne
    LÉVY François

    Blanquefort-sur-Briolance

    BARMIER Georges
    STREBLER Eugène

    CANTON DE VILLENEUVE-SUR-LOT

    Villeneuve-sur-Lot

    AUZIAS Henri
    AULAGNE Louis
    BRUN Roger
    BERNARD Fernand
    BARJOU Robert
    BEREAU Albert
    CHAUVET Jean-Louis
    CHASTANET Serge
    CALVAING Louis
    FERRAND Pierre
    GUIRAL Louis
    LAURIE Jacques
    MARQUI Alexandre
    MOLINIÉ Origène
    PELOUZE Gabriel
    POUZET Jean
    STERN Joseph
    SERVETO Bertrand
    SEROT Bernard
    SARVISE Félicien
    TAUREL Jacques
    VIGNE Jean

    CANTON DE STE-LIVRADE-SUR-LOT

    Sainte-Livrade-sur-Lot

    GOME Adro

    CANTON DE PENNE-D'AGENAIS

    Dausse

    FOURNIÉ Pierre
    GOTLIIN Maurice
    TESTUT

    Penne-d'Agenais

    GRUMBLAT Abraham

    Trémons

    MALARDEAU Henri

    Trentels-Ladignac

    ITEN Jean
    BODES Henri
    SEGUIN Georges

    CANTON DE VILLEREAL

    Dévillac

    ABOULY Ernest
    DOMENGIE Yvan

    Rayet

    CAMINADE Raoul

    Villeréal

    ANGELY Fernand
    ANGELY Pierre
    GOLDSTEIN Nissen
    ROUYRE Pierre
    SERRALACK Amédée
    CASSE René

    CANTON DE TOURNON-D'AGENAIS

    Tournon-d'Agenais

    DELRIEU Jean

     

    Fleurs

     


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  • Aux confins du Lot et de ses coteaux pierreux, Toumon-d'Agenais dresse, parmi bois et champs cultivés d'alentours, sa fière silhouette de cité fortifiée. Ce village pittoresque, chef-lieu de canton, groupe 800 habitants.

     

    En juillet 1944, date des événements, le maquis sillonne routes et sentiers du pays. La Résistance est déjà très solide dans le Villeneuvois. Ne voit-on pas, sur places et rues de Villeneuve-sur-Lot, défiler, parfois en uniforme, des unités de la Résistance.

     

    CRIMES DE GUERRE EN AGENAIS

     

    L'Allemand s'inquiète. II doit réagir ou évacuer cet arrondissement. Il va réagir avec une unité venant du Centre, réputée pour sa cruauté. La colonne se met en marche et, dès les premiers pas en Lot-et-Garonne, la bagarre commence.

    Le 3 juillet 1944, vers 10 h 45, une colonne allemande forte de 1500 hommes venant de la direction de Cahors et se dirigeant vers Villeneuve-sur-Lot, ayant trouvé à son passage à Tournon-d'Agenais (Lot-et-Garonne), chef-lieu de canton, à 26 kilomètres de Villeneuve-sur-Lot, quelques hommes du maquis, place du Foirail, a aussitôt fait feu sur les résistants en très petit nombre. A noter que ces derniers n'ont fait aucune offensive contre les assaillants et qu'ils n'étaient pour la plupart pas armés.

    Les opérations allemandes contre les résistants et la population civile ont duré de 10 h 45 à 17 heures. 
     

     

     

    Au cours de ces opérations, neuf personnes ont été tuées par les Allemands, car sans discernement l'Allemand fait feu sur tout ce qui bouge.

     

    Ainsi périrent :

    • LAHRYDON, François, 38 ans, cultivateur, à Tournon.
    • DELRIEU, Jean, 19 ans, manœuvre, à Toumon.
    • Dr WEISMANN, à Tournon.
    • LUGAU, Jean, 22 ans.
    • GISTLEN, Maurice, 38 ans.
    • GRUMBLAT, Alibert, 41 ans.
    • MALARDEAU, Henri, 43 ans.
    • TESTUT, André, 26 ans.
    • FOURNIÉ, Pierre, 36 ans.

    II résulte de l'enquête que les Allemands tiraient du haut du village sur les fuyards comme sur du gibier et qu'ils ont ensuite achevé au revolver les blessés.

    Vers 15 heures, le maquisard Fournié a été matraqué et torturé avant d'être abattu à coups de revolver, place du Foirail. Avec héroïsme, il n'a jamais parlé.

    Les Allemands ont contraint les otages à regarder le supplice de Fournié, sauvagement frappé par un soldat à coups de chargeur de mitraillette avant d'être abattu.

    Ils ont aussi mis au mur et tué sur la place : Testut.

    Ont été blessés :

    • GUILLEREAU, Jean, 36 ans, peintre, à Bordeaux.
    • MARTEGOUTTE, Alix, 50 ans, chef-cantonnier, à Tournon.
    • BEZELOU, Jean, 58 ans, cultivateur, à Tournon.

    De nombreuses maisons ont été pillées, par les soldats allemands.

    Une énumération complète et détaillée des vols commis chez l'habitant par les soldats allemands n'offrirait aucun intérêt, s'il ne fallait, dans ces pages, donner au moins un exemple de l'une de ces mises à sac dont l'Allemand était coutumier.

    Chez le sieur Fialdes, Henri, 40 ans, cultivateur, à Tournon-d'Agenais, les Allemands ont pris :

    - du linge, des vêtements et des chaussures,
    - une montre en or et un collier en argent,
    - vingt à vingt-cinq conserves de porc et conserves,
    - trois kilos de sucre,
    - quatre douzaines d'œufs.

    Chez le sieur Dutrix, André, cultivateur, à Toumon, les Allemands ont volé :

    - vingt-cinq litres de vin blanc et rouge,
    - quatre douzains d'œufs,
    - deux kilos de graisse,
    - douze boîtes de conserves, porc ou volaille,
    - trois paires de sandales.

    Chez Sirech, François, 84 ans, à Tournon, les Allemands ont dérobé une somme de 450 francs.

    Chez le sieur Rimonteil, Marc, 49 ans, entrepreneur, à Toumon, les Allemands ont pris :

    - du linge et des vêtements,
    - une montre en or,
    - une montre en argent,
    - deux chaînes, deux bracelets, une bague et deux sautoirs en or,
    - des accessoires de garage et des outils divers,
    - deux bicyclettes,
    - vingt poches de charbon de bois.

    Chez Lacombe, Jeanne, née Castagné, les Allemands ont enlevé :

    - une barrique de vin rouge,
    - un quart de barrique de vin,
    - des liqueurs et eau-de-vie,
    - cent boîtes de conserves,
    - trois morceaux de lard,
    - un réchaud électrique,
    - trois montres en argent et bijoux divers,
    - trente-six mille francs en billets de banque,
    - du linge et huit pots de graisse.

    Chez Bonnefous, Camille, 25 ans, coiffeur à Tournon les Allemands ont dérobé des accessoires de coiffure estimés à la somme de 2080 francs.

    Chez le sieur Souquet, propriétaire de l'Hôtel des Voyageurs, à Toumon, les Allemands ont emporté le matériel complet et les réserves du restaurant, ainsi qu'un cochon vivant.

    Chez Rubistein, Riben, tailleur, à Toumon, les Allemands ont pris :

    - sept mille francs en billets de banque,
    - une bague en or,
    - une montre-bracelet dame en or,
    - une montre d'homme en argent,
    - un jambon,
    - trois boîtes de conserve,
    - un rasoir et objets de toilette,
    - un pantalon et un blouson neufs.

    Chez Gélis, Maurice, 44 ans, cultivateur, à Toumon, les Allemands ont dérobé :

    - vingt-cinq mille francs en billets,
    - trois bagues or avec brillants et rubis et un sautoir en or,
    - un bracelet en or,
    - un bracelet or pour enfant,
    - trois montres, dont une en or et deux en métal,
    - une montre-bracelet dame argent avec brillant platine,
    - un stylo Stephen.

    Chez Nicolas, Pierre, 45 ans, épicier, à Tournon, les Allemands ont pris :

    - quarante-deux douzaines d'œufs,
    - trois kilos quatre cents de tabac,
    - divers articles de bureau,
    - huit paires de pantoufles,
    - cinq kilos de sucre,
    - dix kilos de pêches,
    - vingt-cinq morceaux de savon,
    - un porte-monnaie contenant 300 francs,
    - un bon de 100 francs de Secours national,
    - deux bagues.

    Chez Hugla, Jean, 49 ans, cultivateur, à Tournon, les Allemands ont pris :

    - vingt boîtes de conserve et volaille,
    - une montre homme,
    - une somme de 4000 francs,
    - vingt-deux paquets de cigarettes de la Croix-Rouge.

    Chez Paméja, Jules, les Allemands ont pris :

    - trente-cinq boîtes de conserves de viande,
    - un jambon,
    - saucisses et saucissons,
    - quatre kilos de sucre,
    - quatre kilos de savon,
    - quinze bouteilles de vin vieux,
    - linge et vêtements,
    - une bague dame or, deux broches,
    - un Kodak,
    - un stylo,
    - une somme de 5000 francs en argent.

    Chez Ladevèze, Pierre, 64 ans, cultivateur, à Tournon, les Allemands ont pris :

    - une somme de 6360 francs,
    - sept écus en argent,
    - quatre louis d'or de 20 francs,
    - une alliance or,
    - une bague or,
    - une paire de boucles d'oreilles or,
    - un rasoir et des accessoires de toilette.

    Chez Revel, Henri, 73 ans, capitaine de frégate, les Allemands ont dérobé :

    - un coffret en acier,
    - un portefeuille en peau de phoque,
    - une somme de 9000 francs en billets,
    - livrets de pension,
    - une valise en fibrine,
    - une jumelle Zeiss,
    - un appareil photographique avec étui,
    - une paire de souliers blancs,
    - un cachet chinois en ivoire,
    - une paire de boutons de manchettes or,
    - une griffe tigre or,
    - une alliance or,
    - un stylo Watterman.

    Chez Autesserre, Odette, les Allemands ont pris une bicyclette neuve avec accessoires.

    Chez Iche, Pierre, 63 ans, capitaine au long cours, les Allemands ont pris :

    - une somme de 17000 francs,
    - une montre or avec sautoir,
    - une montre or,
    - une parure complète en or (manchettes et chemise),
    - un étui de cigarettes en argent,
    - douze cuillers à café en argent,
    - deux jeux de couverts en argent,
    - des médailles en or et broches,
    - une valise cuir,
    - un sac à main fantaisie,
    - deux foulards de soie,
    - deux paires de souliers neufs,
    - deux paires de chaussures fantaisie,
    - quatre paires bas de femme,
    - un stylo,
    - une paire de boucles d'oreilles or et brillants,
    - un rasoir et des accessoires de toilette.

    A Terrière, Odette, 19 ans, bonne chez Mme Souquet, les Allemands ont dérobé :

    - un billet de 1000 francs,
    - une paire de chaussures,
    - deux malles en cuir avec objets personnels.

    Au cours de la mise à sac de Tournon, les Allemands ont aussi incendié, par obus, la ferme de Ducrey, Michel. La récolte, le cheptel, tout a été détruit.

    La ferme Hugla a été également atteinte par un obus, car les Allemands avaient placé en batterie deux pièces d'artillerie dont, jumelle en mains, un officier dirigeait le tir, tandis que des tireurs d'élite faisaient feu avec leur fusil-mitrailleur, comme sur cible, sur tout être humain aperçu.

    Ainsi Lharydon, paisible cultivateur, fut tué devant sa porte, ainsi le Dr Weissmann qui, apercevant le danger, voulut revenir en amère.

    Enfin les Allemands ont procédé au pillage des armes et munitions de la brigade de gendarmerie de Toumon.

    Les actes criminels des Allemands n'ont ici aucune excuse. Il ne s'agit en rien d'une bataille rangée entre Allemands et forces de la Résistance.

    Les quelques maquisards, 15 à 20 non armés, ne pouvaient rien contre une colonne de 1500 à 2000 soldats, armés même de pièces d'artillerie. Ils n'ont rien tenté d'ailleurs et ont fui.

    Les exécutions sanglantes, la mise à sac de Toumon, les incendies de maisons sont sans excuse et doivent être considérés comme crimes de guerre.

    Les soldats allemands ayant opéré à Tournon, appartenaient à la division de réserve (Panzergrenadiers) "das Gespent" (Le Fantôme).

    Cette unité a séjourné à Villeneuve-sur-Lot, du 3 au 21 juillet 1944.

    Il s'agissait en réalité des débris de plusieurs divisions dont la Division de Panzer-Grenadiers, qui avait combattu sur le front Est.
    Certains éléments provenaient d'unités ayant été engagées en Crête, en Italie.
    Ses effectifs étaient très réduits. Son matériel de route et de combat quasi-inexistant.
    Cette unité était passée à Brive et Tulle, où elle avait commis des atrocités.


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