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LES MAQUIS DU FUMÉLOIS ET DE LA VALLÉE DE LA LÉMANCE Les premiers mouvements ralliés au gaullisme et l'Armée secrète
La ville de FUMEL située en Lot-et-Garonne, est une porte vers le Quercy et le Périgord. Elle est située sur des coteaux aux pieds desquels coulent le Lot, la Thèze et la Lémance. Cette situation géographique, avec les massifs boisés environnants, explique l'implantation des maquis dans la région.
Communauté de communes Fumel Communautés
LIEU NOMS ACTIVITÉ GÉNÉRALE BLANQUEFORT Groupe "Bayard"
Charles MARTINInstallé au lieu dit "Carayac" année 1944 jusqu'au départ en avril 1944.
CUZORN La grotte Des groupes de maquis ont séjourné dans la grotte du "Trou qui fume", ils ont inscrit leurs noms sur les murs.
CUZORN Un camp d'Eclaireurs Les Éclaireurs utilisaient le matériel du camping "DUVERGÉ", ils ont été les seuls à tout restituer.
FUMEL Bataillon "Geoffroy"
Groupe VENY
Jean VERMONTNaissance du groupe à l'usine de FUMEL en 1942.
Puis il a été mis en sommeil jusqu'à fin mai 1944 et a repris début juin 1944 en divers petits groupes répartis autour de FUMEL.FUMEL Groupe "Jack"
Groupe VENY
Jacques LEVYGroupe installé dans les carrières de pierre du Pech del Treil (Recluzel).
Mai 1944 au mois d'août 1944.MONTAYRAL Le Front National
Groupe "Cabannes"Au départ le colonel LAKANAL a créé une cellule F.N., à son départ il a été remplacé par Georges TOULZA.
SAUVETERRE la LÉMANCE Groupe "Soleil"
Bataillon F.T.P.
René COUSTELLIER"Une école des cadres" a été installée au lieu dit "Les Escaliers".
LES AUTRES MAQUIS QUI ONT ACCUEILLI DES PERSONNES
DE LA VALLÉE DE LA LÉMANCE ET DU FUMÉLOISLIEUX NOMS Les dates et les lieux Lot-et-Garonne
SALLES Groupe "D.D." DELDON Créé à Salles en novembre 1942
Lot
SOTURAC
TOUZACGroupe "ALEXIS" Créé à TOUZAC en juillet 1942
En lien avec le S.O.E. anglais, agent Philippe de GUNZBOURG.Dordogne Sud
LOUBÉJAC Groupe "PARROT" Créé au château de SERMET de Loubéjac par PARROT.
Tableau des exécutions sommaires dressées par le préfet en 1948
Exécutions pour le département du Lot-et-Garonne
(AERI La Résistance en Lot-et-Garonne 2010)
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A la Libération, le général EISENHOVER, estimait à 15 divisions l'apport de la Résistance Française.
Pour le Lot-et-Garonne, d'après la statistique du Service Historique de l'Armée (S.H.A.) 12.519 hommes s'étaient regroupés, contribuant à l'effort national.
Ces 12 519 F.F.I. homologués, regroupés dans trois mouvements, se décomposaient comme suit :
Pour l'A.S. (Armée Secrète) 8 759 membres
Pour les F.T.P.F. (Franc Tireur et Partisans Français) 2 971 membres
Pour l'O.R.A. (Organisation Républicaine Armée) 789 membresNe sont pas compris dans cette statistique les camarades de la R.I.F. (Résistance Intérieure Française).
Toujours d'après la statistique du S.H.A., 420 opérations importantes ont été recensées dans notre département et parmi elles nous relevons :
- 124 parachutages d'armes et de munitions
- 136 embuscades, coups de main et combats
- 132 sabotages
- 19 libérations de localités importantes
Les pertes subies par l'ennemi ont été de 516 tués, 147 blessés et 350 prisonniers.
Du côté de la Résistance, plus de 250 fusillés ou massacrés, 700 déportés, auxquels il faut ajouter les 1.200 déportés de la Centrale d'EYSSES, selon les témoignages de l'âpreté des combats menés.
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Après les événements de Monbalen, le groupe commandé par le Capitaine Barrès, Chef du Secteur N°10 des groupes VENY, trop isolé entre le Lot et Agen, s'installa au nord du Lot, dans la région de Castillonès.
Entre-temps, des éléments du secteur 10 avaient organisé un maquis du côté de Cazideroque.
Le 3 juillet 1944, l'ordre était donné à ce groupe commandé par le chef du secteur de Dausse, FOURNIÉ Pierre, d'effectuer une mission pour récupérer des armes et du matériel. Un commando composé de FOURNIÉ Pierre, CHAUVIN Georges, TESTUT Paul, GITSLIN Maurice, MALARDEAU Henri, GRUMBLAT Abraham et DELRIEU Jean, est désigné pour accomplir cette mission.
Vers neuf heures au passage à Tournon d'Agenais, le chef FOURNIÉ s'arrêta pour recueillir des renseignements au café Lecombe, pendant que sous la conduite du sous-chef CHAUVIN, le groupe partait pour accomplir sa mission.Pierre FOURNIÉ - Ancien marin
F.F.I., né le 22/02/1908à Montayral 47500
Mort pour la France à Tournon d'Agenais vers 15h30 le 03/07/1944au cours d'un accrochage avec une colonne allemande avec 10 autres compatriotes.
A son retour, vers 10 heures 30, la voiture qui précédait celle conduite par CHAUVIN s'arrêta à 150 mètres du croisement des routes Agen/Fumel et Villeneuve/Cahors, pour inspection des lieux et assurer la sécurité du groupe à ce croisement dangereux.A ce moment là, une auto-mitrailleuse précurseur d'une importante colonne allemande (une centaine de véhicules, 1500 hommes environ), faisant partie de la division de réserve Panzergrenadiers das Gespent (Le Fantôme), déboucha au carrefour du foirail, venant de la direction de Cahors. Les occupants de l'auto-mitrailleuse apercevant le groupe, stoppèrent et ouvrirent le feu sur les maquisards, qui, malgré l'effet de surprise s'égaillèrent dans les champs et jardins voisins. Bien qu'inférieurs en nombre et en armes nos amis ripostèrent vigoureusement, combattant en terrain dénudé et sans abris. Cernés de toutes parts, ils devaient l'un après l'autre être victime de leur héroïsme.
Le combat n'était pas encore terminé lorsqu'un camion d'un de nos groupes VENY, revenant d'une expédition au château de la Couronne, près d'Agen, cantonnement d'une unité de G.M.R., fit irruption. Cette expédition réussie, avec l'aide du camarade SOLA, avait pour but la récupération d'armes et de munitions. Le motocycliste précurseur tombé aux mains des allemands, dans les virages du haut de la côte, n'avait pu prévenir les occupants du camion.
Pris à partie, le camion stoppa, ses dix-sept hommes en descendirent et le combat recommença. Pendant 2 heures environ, nos camarades tinrent tête aux assaillants, rendant coup pour coup, organisant méthodiquement leur retraite, déployant un courage et un mépris du danger surhumains. Mais les allemands se sont déployés et au bout d'une heure et demie, l'encerclement de Tournon sera complet. Le groupe des maquisards s'est divisé en deux ; une partie a pu fuir vers la vallée du Boudouyssou ; l'autre partie a été dispersée et à bout de munitions s'esquive, qui dans les blés, qui dans les maisons du Bourg, voire dedans les citernes.
La voiture qui précédait celle conduite par CHAUVIN s'arrêta à 150 mètres du croisement des routes Agen/Fumel et Villeneuve/Cahors, pour inspection des lieux et assurer la sécurité du groupe à ce croisement dangereux.Les allemands sont irrités et ne comprennent pas cette résistance. Presque tous les camarades du groupe Fournié ont été abattus. Aucune perte à déplorer parmi le commando venant de la Couronne, sauf quelques blessés légers. Du côté des allemands, quatre des leurs descendus par les rafales du F.M. et des mitraillettes et immédiatement camouflés dans un camion fermé. Il est vraisemblable qu'ils eurent d'autres blessés. Leur stationnement à Tournon n'ayant duré que quelques heures, il a été difficile d'obtenir de plus amples renseignements. C'est avec surprise que des amis reconnurent dans la colonne allemande un milicien de Fumel jouant au stratège, indiquant les emplacements et la topographie des lieux.
Au bout de deux heures environ, le combat cessa.
Nos camarades DELRIEU, GITSLIN, GRYNBLAT, LUGAU et MALARDEAU sont déjà raidis, le corps criblé de balles.FOURNIÉ et TESTUT faits prisonniers sont interrogés, torturés, criblés de coups. Avec un stoïcisme admirable, ils opposent un mutisme complet à toutes les questions.
Pendant ce long interrogatoire, la colonne allemande a pris ses positions de combat. A cinq cents mètres aux alentours, toutes les routes sont gardées. Un canon est mis en batterie à côté du garage Autesserre, tirant en direction de Thézac et de "Laprugne". Une autre pièce installée en haut de Tournon tire sur "Latoufagne", du côté de chez Poulbère, et comme pour un exercice de tir, l'œuvre de mort ravagera la région. La ferme de "Loustalet" est incendiée. Tout être humain, que ce soit devant la ferme, dans les champs, sur les routes est pris comme cible. Les mitrailleuses guidées par des jumelles précisent leur tir et balaient tout. LHARIDON est tué devant sa porte à un kilomètre de là. Le Docteur WEISSMANN, en voulant rebrousser chemin, tombe à son tour, atteint d'une rafale. Le chef cantonnier MARTEGOUTTE ayant voulu sortir d'une maison est accueilli par la balle d'une sentinelle, qui lui fracasse le bassin.
La contrée est atterrée, la mort rôde et les nazis, encore altérés de sang, fouillent les maisons, pillent les logements et arrêtent une vingtaine d'otages. Une inquiétude mortelle, une angoisse terrifiante étreignent les familles. Que va-t-on faire de ces innocents.Afin de les inciter à parler, FOURNIÉ et TESTUT, amenés devant les otages seront fusillés vers 15 heures. Mais personne ne bouge. Là encore les Français se sont montrés courageux, ils ont choisi la mort plutôt que la trahison et le déshonneur.
Ne trouvant plus personne et n'ayant pu attraper les survivants de la lutte, lassés de leur impuissance à connaître la vérité, après une dernière menace, la colonne s'ébranla aux environs de 16h30 vers Villeneuve/Lot où elle séjourna jusqu'au 21 juillet 1944.
Et ce sera comme à Monbalen quinze jours plus tôt, la triste et affligeante corvée d'inhumer les corps, d'avertir les parents, les familles, avec tout ce qu'elle comporte de larmes, de cris déchirants, de stupeur et d'anéantissement.Du P.C. de Cuzorn, dès qu'il put être averti, une forte patrouille fut envoyée vers Tournon afin de venir en aide aux camarades interceptés. Lorsqu'elle arriva, l'ennemi avait repris la route de Villeneuve.
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66 années ont passé depuis cette tragédie du 3 juillet 1944 où une colonne allemande passant par Tournon a frappé sauvagement en laissant sur place 9 martyrs de la Résistance.
La population et les familles des victimes n'oublient pas et se sont rassemblées en cette fin d'après midi d'été autour de Jean Pierre Lacam, maire de Tournon et son 1er adjoint D. Balsac, de Daniel Borie, maire de Saint Vite conseiller général du canton et son adjointe C. Cavaillé, des maires de Bourlens, JP Queyrel, et de Cazideroque, M. Cavaillé, du lieutenant Digneaux, commandant la communauté des brigades de gendarmerie Fumel-Tournon, des sapeurs pompiers de Tournon, des comités d'entente des Anciens Combattants du Fumelois et du Tournonais et des nombreuses associations membres venues avec leurs drapeaux dont on en dénombrait près d'une vingtaine.
à droite Claude FOURNIÉPour sa part, l'AMMAC du FUMELOIS était représentée par C. Bons, L. Dalle Grave, P. Delrieu, F. Desmarthon (porte-drapeau) et Mme, G. Duval et Mme, C. Fournié et Mme, J. Guidon, M. Renson, D. Vilain.
Francis DESMARTHON porte-drapeau de l'AMMAC DU FUMELOIS
Après le dépôt de la gerbe par C. Fournié, fils de fusillé, au pied de la stèle érigée sur le lieu même de la tragédie et où sont gravés les noms des Maquisards morts pour la France, le cortège s'est déplacé devant le Monument aux Morts de la bastide. Guy Combaluzier, président du Comité d'entente des Anciens Combattants du Tournonais a rappelé les faits et l'hommage solennel aux Morts a été rendu par le dépôt de la flamme du souvenir suivi par les trois gerbes du Comité d'entente du Fumelois (Gal Vilain), du comité d'entente du Tournonais (M Schmit) et de la Municipalité (JP Lacam).
Après la salut aux drapeaux par les autorités présentes, JP Lacam a remercié chaleureusement l'assistance nombreuse et les associations toujours fidèles à ce rendez-vous de la commémoration du souvenir et du devoir de mémoire.
Paul LIMOUSI Président de l'ANACR secteur de Fumel et
Général Daniel VILAIN Vice-Président AMMAC DU FUMELOIS et secrétaire du Comité d'entente des AC du Fumélois. Président de la SELH
Livio Dalle-Grave Daniel Vilain
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